Tunis 22 Mars 2021
Avis Journée mondiale de l'eau
Le 22 mars, à l’instar des autres pays, la Tunisie célèbre la Journée internationale de l'eau, alors que le pays vit une crise politique et sociale aigue aggravée par une situation sanitaire qui a épuisé les différentes classes de la société, notamment les plus vulnérables. La stipulation du droit d’accès à l’eau pour les citoyens tunisiens dans la constitution de 2014 comme étant une nécessité vitale et un principe fondamental lié à la dignité humaine, n'a pas changé la réalité de l'absence de l'eau potable résultant du manque de raccordement aux réseaux d’approvisionnement et les interruptions fréquentes qui ont touché toutes les régions et qui ont provoqué plus qu’une fois des mouvements de contestation revendiquant le droit à l’eau.
Ainsi, l'Observatoire Tunisien de l'Eau, à travers sa vision sociale de la question de l'eau comme étant droit fondamental qui précède les autres droits :
Considère que le classement de la Tunisie parmi les pays vivant une situation de stress hydrique où la part annuelle par habitant est inférieure à 500 mètres cubes, constitue un signe d’alerte, compte tenu de la faiblesse des réserves en eau dans le pays qui s’ajoute aux éléments du changement climatique tels que la pénurie de précipitations et la sécheresse et notamment face à l'épuisement terrifiant des ressources en eau dans les activités industrielles, agricoles et touristiques à faible valeur ajoutée.
Rappelle que l'approche lucrative adoptée par l'État et le retard du cadre législatif et institutionnel qui remonte aux années soixante-dix, et la multiplicité des intervenants dans la question de l'eau constituent les raisons les plus importantes qui menacent la durabilité de l’eau.
Appelle l’Etat à fixer ses priorités dans le cadre d'une vision globale qui revoit le modèle de développement existant et accorde une attention à la souveraineté alimentaire et ce en adoptant une carte agricole qui prend en compte la spécificité de l'eau dans chaque région.
Demande à l'Assemblée des Représentants du Peuple de réviser le projet du code de l'eau avant son approbation en s'assurant qu'il ne s’oppose pas aux traités signés par l'Etat tunisien et se conformant aux dispositions de l'article 44 de la Constitution. Et appelle à écouter les appels de la société civile et ses recommandations, notamment celle appelant à préciser la valeur sociale des ressources en eau et à adopter l'empreinte de l’eau comme un mécanisme de bonne gouvernance dans la gestion des ressources d’eau.
Appelle l’État à assumer ses responsabilités et de garantir l’effectivité du droit à l’eau pour tous et dans toutes les régions, en particulier les zones rurales avec la qualité et la quantité nécessaires, tout en soulignant la gratuité de la quantité vitale en eau et la mise en place de services d’assainissement dans le milieu rural. Et exprime également son soutien à tous les mouvements de protestation dénonçant la soif et réclamant le droit à l'eau.