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Rapports
Publié par Mohamed Marrouchi le 26/07/2019 - 10:00

Contexte

L’eau potable constitue un des déterminants fondamentaux de la vie dont tout être humain doit en jouir. Cependant, ces dernières années, la Tunisie fait face à une multitude de problèmes en termes d’approvisionnement en eau potable tels que la pollution et la récurrence des coupures d’eau. À cet égard, l’eau qui est une ressource naturelle et vitale, est devenue un problème de dimension sociale et économique.

L’association NOMAD 08, dans le cadre du projet « l’Observatoire Tunisien de l’Eau », en procédant par une démarche participative et citoyenne, a effectué une visite de terrain, le 20 juillet 2019, à la région d’EL MAHRES sise au gouvernorat de Sfax.

Cette visite a pour but de prospecter de près les problèmes du secteur de l’eau dans cette région.

La région d’El MAHRES appartient au gouvernorat de Sfax, couvre une superficie de 435.75 km², comporte 6 IMADAS et abrite environ 34 257 habitants (INS, 2014). Elle est délimitée, à l’Est par la mer méditerranéenne, au Nord et à l’Ouest par la délégation de AGAREB et au Sud par la délégation d’EL GHRIBA.

Rencontre avec les citoyens :

Au cours de cette mission, une réunion avec les citoyens de la délégation d’EL MAHRES a été effectuée. Le conseiller municipal de la région était parmi les présents et son intervention a constitué le point de départ de la réunion, où il a mis l’accent sur la récurrence des coupures d’eau.

En effet, 97% des citoyens de la région possèdent de l’eau dans leurs maisons dont 87% est distribuée par la SONEDE, et le reste par des GDA.

Le taux d’adduction en eau potable est égal à 94.54% dont 32.82% est d’origine souterraine. La SONEDE en distribue environ 61.66% repartis entre 860 familles et les GDA, quant à eux, ils fournissent 20.11% pour 3 967 citoyens des 19 575 au total.

Selon le conseiller municipal, les principales causes de perturbation en l’approvisionnement en eau sont comme suit :

  • La croissance démographique ;
  • L’accroissement du nombre des citoyens couvert par la SONEDE ;
  • L’infrastructure dégradée de la région ;
  • La rareté des ressources hydrauliques dans le gouvernorat de Sfax : En fait, la région de EL MAHRES est reliée aux délégations SBITLA et JELMA. En ce qui concerne l’eau d’origine souterraine, elle provient des puits AGAREB et Sidi Bou KTHIR qui nécessitent, à leurs tours, un traitement et un dessalement puisque ces derniers fournissent une eau avec un pourcentage de salinité relativement élevé.
  • La non-conformité de l’eau potable aux normes reconnues puisqu’elle est de couleur non limpide et possède une mauvaise odeur.
  • La dégradation de la situation financière des GDA : En fait, l’endettement élevé des GDA est dû, d’une part, en la réticence des citoyens aux paiement de la facture, et d’autre part, en l’absence des moyens techniques adéquats et financiers nécessaires pour améliorer la situation du secteur de l’eau dans cette région ce qui a abouti à une crise de confiance entre les responsables des GDA et les bénéficiaires.

Il est à noter qu’un groupement Allemand s’est intervenu à la mise en place d’un nouveau réseau hydrographique mais malheureusement ceci s’est rapidement endommagé. De plus, un projet de mise en place d’un périmètre irrigué de valeur 2 milliards de dinars depuis 1995, est jusqu’aujourd’hui en cours d’exécution à cause de plusieurs contraintes telles que l’électricité.

En effet, l’article 2 du décret n°1261 du 27 octobre 1987 relatif à l’organisation et au mode de constitution et de fonctionnement des associations d’intérêt collectif tel est le cas des GDA stipule que « Les associations d’intérêt collectif sont créées par arrêté du ministre de l’agriculture après avis du groupement d’intérêt hydraulique ». De plus, l’article 11 du même décret stipule que « Chaque association d’intérêt collectif dispose d’un budget propre qu’elle arrête annuellement et soumet à l’approbation du gouverneur ». « La gestion comptable de l’association à intérêt commun est assurée par le receveur des finances, auprès duquel il peut être placé un régisseur des recettes pour un groupe d’associations d’intérêt collectif et un sous régisseur pour chaque association d’intérêt collectif ».

Cependant, sur le plan pratique les GDA n’appliquent pas ces règles, ce qui nécessite d’une part, une reformulation du cadre législatif et d’assurer d’autre part, un contrôle régulier en vue d’une meilleure gouvernance et d’une durabilité financière de ces groupements.

Face à ce dilemme, les citoyens de la région d’EL MAHRES se sont protestés plusieurs fois contre les coupures de l’eau, mais malheureusement les autorités concernées sont toujours absentes. Ceci s’est aggravé par le fait que plusieurs citoyens ont recouru à la mise en place d’un réservoir privé dans leurs maisons et d’autres ont installé un moteur de pompage d’eau aboutissant à la surexploitation de la nappe.

 

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