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Article de Presse
نشرت من قبل Mohamed Marrouchi في 12/12/2019 - 1:00 م

LA PRESSE le 12/12/2019

Mohamed Salem Kechich

L'article

 

Il est question de savoir si le tarif de l’eau doit augmenter au vu des ressources hydriques qui sont limitées.

Suite à la publication de la Charte de la Tunisie pour le droit à l’eau, l’association Nomad 08, parrainée par Alaa Marzougui, dans le cadre de son projet l’Observatoire Tunisien de l’Eau, a organisé un cycle de débats autour des principaux fondements du Code citoyen des eaux.
Dans ce contexte, une conférence-débat portant sur le droit à l’eau en Tunisie a eu lieu le lundi dernier. Une première session a été organisée en collaboration avec l’Osae (Observatoire de la souveraineté alimentaire et de l’environnement) sous la conduite de Habib Ayeb. Un petit ouvrage intitulé le système législatif et légal pour l’eau en Tunisie apporte une analyse critique sur un problème entouré d’une grande opacité en Tunisie. Nomad 08 prévoit un cycle qui va nécessiter 16 rondes dans différents gouvernorats avec les médias et la presse, l’appui de 100 associations, 51 organisations partis….

M. Habib Ayeb de l’Osae a exprimé ses réserves sur la mauvaise gestion de l’eau en Tunisie au point de susciter des craintes au sein de la population. Après vingt-cinq ans de recherches en Egypte et en Tunisie, il préfère largement parler de l’eau en tant que droit. «Vivre sans eau est non envisageable. Quand on dit qu’il n’y a plus assez de ressources sur terre, cela ne signifie pas grand-chose tant qu’on n’a pas de données quantitatives».

Il en veut aux statisticiens qui font preuve d’abus. Il remet en cause les données chiffrées et les concepts sur l’eau que ces derniers avancent dans le cadre de conventions. «Il n’y pas d’évidence ni de vérité sur le volume d’eau sur terre car j’estime qu’un petit pourcentage de 1%  est utilisé, pas plus».
L’accès de la population à l’eau en permanence en moins d’un quart d’heure et à cinq kilomètres est la définition apportée par l’Association mondiale sur l’eau depuis le début du 20e siècle selon Ayeb.

 

Améliorer l’accès à l’eau


«A Sidi Bouzid, le taux d’accès à l’eau potable est limité. Un quartier entier n’a pas d’eau ! Ce chiffre prouve en pratique que lorsque j’ouvre le robinet, je ne trouve pas d’eau potable». Mobiliser la totalité de l’eau devient une nécessité, selon l’expert qui s’inspire de l’Inde où il y a une idéologie de l’irrigation.

Le droit d’accès gratuit constitutionnel à l’eau potable est un droit opposable. L’eau n’est pas une marchandise. M Ayeb propose une tarification à partir d’un seuil de consommation d’eau en volume et une gratuité en-dessous. Les particuliers qui ont une piscine et font entretenir du gazon doivent payer plus selon son raisonnement. L’eau est un produit mais son prix en fait une marchandise.
L’Osae a exposé un certain nombre de questions qui attendent des réponses pertinentes : «Y a-t-il assez d’eau sur terre et en Tunisie ? Qu’est-ce que la disponibilité de l’eau ? Que veut dire le stress hydrique ? Quelle est la disponibilité moyenne véritable ? Qu’est-ce que la rareté de l’eau? ».

 

En dessous du seuil du stress hydrique


Ayeb relativise le seuil alarmant de la Tunisie de 480 m3 par personne et par an en Tunisie qui est située sous le seuil du stress hydrique. Des pays économiquement pauvres comme le Soudan ou l’Irak ont un meilleur seuil que la Tunisie, situé respectivement à 2000 m3 et 3200m3, ce qui tend à montrer qu’on peut faire beaucoup mieux. Des chercheurs ont démontré que le stress hydrique est relié à 84 variables. M Ayeb n’explique pas ce chiffre en contraste avec la réalité pluviométrique en Tunisie malgré les effets du changement climatique. «A ce niveau, la Tunisie se situe parmi les dix pays les plus pauvres de la planète. Il y a un problème de justice».

Alors même que la question de l’eau est très vaste selon l’expert, car elle englobe l’eau potable, l’eau de ménage, l’eau industrielle… Il reprend : «On ne connaît pas le pourcentage de ceux qui n’ont pas accès à l’eau propre et potable.
C’est bizarre. Quelle est la définition de l’eau potable ? ».
Il met en cause la grande opacité autour de cette ressource vitale qu’est l’eau. « Même en France, les citoyens ne connaissent pas les grandes vérités».

 

Transfert des eaux du Nord-Ouest aux régions côtières


L’intervenant a notamment pris pour exemple le cas d’un village en Tunisie situé à proximité de 3 barrages mais qui ne dispose pas de suffisamment d’eau pourtant !
Un mélange de stupéfaction et de colère s’empare de M Ayeb. «La raréfaction de l’eau est le prétexte utilisé pour justifier la commercialisation et la tarification», s’exclame-t-il.
Il estime que certaines régions comme celles du nord-ouest sont dépossédées de leur ressource naturelle au profit des régions côtières pour des raisons économiques au détriment du droit fondamental et opposable. M. Ayed s’insurge contre la politique en faveur de l’agriculture et du tourisme, «A croire que le plus important c’est que la Tunisie exporte des dattes et des agrumes. On est passé en 50 ans de 50000 ha à un demi million d’hectares pour l’exportation. 80% des produits agricoles sont destinés à l’export».

Les débats animés de représentants du secteur agricole ont mis en doute certaines hypothèses en demandant à ce qu’on applique une taxe sur l’eau minérale de vingt millimes afin d’impacter la gestion de l’eau potable.  Le sujet divise : certains pensent que cela devrait être gratuit pour chaque citoyen tunisien et d’autres qui affirment que cela relève de l’utopie. La raréfaction de l’eau entraîne sa marchandisation et «la victoire de Hardin ! » Le catastrophisme sur l’eau en Tunisie a laissé place au grand relativisme en vue de trouver des réponses à ce problème très critique.

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